dimanche 13 juin 2010

De Melaka à Kuala Lumpur (du 12 mai au 14 juin) :

Selamat Pagi !


Salut les amis !

Comment allez-vous ? La frite ?

Moi je vous avoue que je suis pas mal excité à quelques heures de prendre mon avion en direction de la France. Entre le début de la Coupe de Monde de Football (les matchs sont retransmis ici à 19h30, 22 heures et 2h30 du matin en raison des 7 heures de décalage horaire) et un état jubilatoire lié à l'idée d'un retour prochain, je peux vous assurer que mes nuits n'ont pas été très longues.

Bon, j'ai cru comprendre que vous étiez quelques uns à attendre avec impatience la fin de mon récit, en voilà l'exposé :

Le 12 mai, comme je l'expliquais dans mon précédent message, j'ai donc pris un bateau de Melaka (Malaisie) à Dumai (île de Sumatra, Indonésie). J'ai embarqué à 8h30. A côté de moi, un grand type à casquette, cheveux blonds mi-longs, t-shirt jaune fluo, bermuda à carreaux noirs et blancs s'installe. Après 2 minutes de silence respectueux, il se présente : Rikard, 21 ans, suédois, 1 mètre 96. Nous sommes les deux seuls "boulés" (occidentaux) du bateau et Rikard ne passe pas inaperçu, il est rapidement accaparé par les membres de l'équipage.

Nous arrivons en milieu de journée à Dumai avec plus de 2 heures de retard. Les formalités de visa se déroulent rapidement et facilement avec le grand sourire des douanières en prime. Contre 25 dollars, j'obtiens un visa d'un mois sans que l'on m'ait demandé de présenter mon billet de retour vers la Malaisie, ce qui est normalement obligatoire. Ça tombe bien puisque je n'ai pas de billet de retour...

A la sortie du port, les locaux nous sautent dessus pour proposer de nous amener en van dans la ville de notre choix. Habitués à ce genre de pratique et peu désireux de nous faire arnaquer, nous esquivons l'endroit et nous rendons vers le centre-ville à pied. Là, nous nous offrons un repas dans un bouib. La famille qui tient le restaurant ne parle pas franchement anglais. Nous nous asseyons pendant qu'elle nous apporte deux assiettes de riz, une assiette avec des morceaux de poulet, une autre avec de l'omelette, une autre avec du poisson... Voyant que la serveuse continue ses va-et-vient avec de nouveaux plats, et inquiet de devoir payer une somme peu en rapport avec mon budget, je lui intime de ne plus amener le moindre aliment. Nous nous régalons de tout ça et payons environ 30 000 rupiahs (moins de 3 euros) chacun.

Nous essayons de savoir où se trouve la gare routière. Les réponses que nous recevons sont imprécises et guère réjouissantes : "à 15 km du centre". Nous finissons par prendre un "bus de ville", mini van antique avec deux banquettes aménagées à l'arrière, avec consigne au chauffeur de nous amener à la gare routière. Celui-ci s'arrête peu après devant une agence de voyage. Zut ! Un autre van attend là. Le chauffeur me dit qu'il peut nous amener à Pekanbaru, la ville étape du jour, pour 50 000 rupiahs chacun, ce qui est parfait. Quand la propriétaire de l'agence nous réclame un total de 300 000 rupiahs, nous avons des arguments imparables à lui opposer. Nous parvenons à monter dans le van au prix initialement proposé.

Sur la carte, la route de Dumai et Pekanbaru apparait clairement. Elle ressemble à un axe routier important. Dans la réalité, il s'agit de l'équivalent d'une route nationale, voire départementale, mais effectivement fréquentée comme un axe majeur. Nous faisons ainsi connaissance avec la conduite indonésienne : dépassement dans les virages et dans les côtes sans visibilité, moteur en sur-régime... Il nous faut 8 heures pour parcourir les quelques 200 kilomètres qui séparent les deux villes. Le seul aspect sympathique du voyage aura été les différentes conversations avec les jeunes indonésiens qui ont partagé notre bus et les morceaux de guitare improvisés avec les joueurs locaux lors de l'un des arrêts dans une station service.

Nous parvenons à Pekanbaru à 22 heures. Le van nous dépose devant une guesthouse où nous prenons une chambre et nous couchons rapidement.

Le lendemain nous offre une nouvelle journée de transport. Après un petit-déjeuner constitué d'un kopi (café) et d'un nasi goreng (riz frit avec des légumes et généralement des œufs), nous prenons un taxi collectif pour la gare routière et de là, un bus "centenaire" bleu aux vitres fendues, en direction de Bukittinggi. Nous retrouvons comme la veille une route mauvaise, étroite et encombrée. Nous arrivons en fin d'après-midi à Bukittinggi. Il nous aura donc fallu deux journées de bus pour traverser Sumatra d'est en ouest, soit 500 kilomètres environ.

Nous partons à pied dans la ville à la recherche d'une guesthouse. Après quelques difficultés pour nous repérer dans cette nouvelle ville, nous parvenons à trouver une chambre modeste mais pas chère (2 euros chacun). Le propriétaire nous propose un trek de deux jours. Pour tenter de nous convaincre, il nous montre son "livre d'or", un cahier d'écolier jauni par le temps. Il l'ouvre à la partie des témoignages laissés par des français. Sur la page de gauche, un message d'Ombeline de Grenoble (tiens, serait-elle la fille de Jean-Claude, un ami de mon padré ?). Sur la page de droite, un message de Steph. et Steph. de Savoie. Ah ben cela, je les connais avec certitude ! Je les ai même croisé sur l'île de Kecil en Malaisie ! Quand je dis au propriétaire que je ne veux pas de son circuit organisé mais que je connais les personnes qui ont écrits ces pages, ce dernier me regarde avec des yeux ronds.

Le soir, nous faisons un tour en ville avec Rikard pour nous sustenter et faire connaissance des lieux. Des jeunes locaux viennent nous parler ; parmi eux, un professeur d'anglais de l'un des collèges de Bukittinggi. Il nous propose de faire la classe demain matin avec lui. "Euh désolé, demain nous prenons le bus pour le lac de Maninjau..."

Le 14 mai, nous prenons effectivement un vieux bus jaune jusqu'au lac. Avant le départ, plusieurs vendeurs montent dans le véhicule et proposent de la nourriture, de l'eau. Il y a même deux jeunes dont l'un joue de la guitare et chante pendant que l'autre sollicite quelques billets. En fin de matinée, nous sommes au village de Maninjau, au pied du lac.

Le site est superbe : il s'agit d'un ancien volcan qui a fait place dans son cratère à un vaste lac de 17 kilomètres de long pour 8 kilomètres de large (dans sa partie la plus large) entouré de hautes falaises escarpées couvertes de végétations. Malheureusement, lorsque nous arrivons, la pluie tombe généreusement. Nous passons le plus clair de notre temps sur le grand balcon en bois abrité de la guesthouse que nous avons trouvé à 1 kilomètre du village, à lire, écrire, siester et à jouer aux cartes. La journée suivante nous offre la même météo. Nous commençons à nous poser des questions.

Les locaux qui nous interpellent systématiquement lorsque nous sortons le nez de la guesthouse, nous ont déclaré qu'il pleut toujours ici. Zut ! Nous doutons alors de notre choix pour ce site.

Heureusement, le lendemain, le 16 mai, nous avons droit à une accalmie. La veille, nous avons prospecté les endroits où nous pouvons louer des vélos, non sans mal. En effet, si de nombreuses guesthouses ou "agences de voyage" ont des vélos, ceux-ci sont le plus souvent dans un état pitoyable. Ce matin, nous revenons dans un de ces lieux. La propriétaire nous avait dit que les vélos seront réparés. Bien entendu, il n'en est rien. Son mari commence à les bricoler mais vu le délabrement de ma bicyclette (plateau dévissé avec des pièces manquantes, freins défectueux...), je lui dis de laisser tomber. Nous allons dans un 2ème endroit où après avoir passé une dizaine de minutes avec les enfants du gérant le temps que celui-ci rentre des courses, nous parvenons à louer deux vélos à peu près en état de marche, avec cependant une selle d'une dureté qui annonce une fin de périple difficile.

Enfin équipés, nous nous lançons dans les 65 kilomètres du tour du lac. Rikard est "bike messager" à Stockholm, autant dire qu'il a la forme. Toutefois, un vélo nettement trop petit pour lui va tempérer son enthousiasme.

Nous partons donc gaiement après plusieurs jours d'inactivité. Les premiers kilomètres vont réserver des surprises. En effet, les pluies torrentielles des derniers jours ont entrainé des glissements de terrain et les habitants qui ont eu la mauvaise idée de s'installer au pied des falaises abruptes ont eu la triste surprise de voir leur maison partiellement démolie ou bien endommagée par des ruisseaux de boue. A certains endroits, la route a été emportée, parfois même sur 2 ou 3 mètres de profondeur. Le spectacle est assez désolant. Malgré cet apparent désastre, les villageois répondent à nos "hello" et nous adressent des sourires.

Le reste du tour est heureusement moins tragique et nous abandonnons le vélo tout terrain pour le vélo de route. Nous pouvons alors contempler les nombreux hameaux coincés entre les montagnes et le lac, les bicoques en bois au milieu de rizières, ainsi que quelques scènes de vie surprenantes, tels ces chasseurs armés de piques tenant leurs chiens en laisse et partant en direction de la jungle alentour ou encore ces deux groupes de sportifs pagayant vigoureusement sur leur long canoë traditionnel lors d'un entrainement en vue de quelques courses.

Nous sommes de retour en début d'après-midi à la guesthouse, heureux mais le fessier brisé, comme prévu. Le soir, le coucher de soleil sur le lac offre un spectacle superbe.





Le lendemain, nous changeons de gesthouse, nous abandonnons Abang (frère en bahasa) Gesthouse pour Lili's Guesthouse. Cette dernière est plus fréquentée que la première et le propriétaire, Rommi, plus sympathique que notre "ancienne" un peu collante à l'heure des repas car elle espère que nous dépenserons nos sous chez elle. En revanche, nous y sommes moins confortablement installés. Pendant cette journée, je vais simplement faire un tour dans la jungle environnante pour aller admirer une cascade ; l'occasion également "d'attraper" mes deux premières sangsues. L’expérience n'est pas franchement traumatisante. Leur morsure est parfaitement indolore et il est facile de les arracher avant de les balancer dans la nature.

Le 18 mai au matin, Rikard m'abandonne lâchement pour aller visiter quelques autres parties de l'Indonésie. Pour ma part, je souhaite profiter encore des lieux. L'objectif du jour est de faire un tour sur le lac avec une pirogue traditionnelle. Rommi m'apporte celle-ci. Elle est superbe, orange avec un liseret bleu, mais surtout petite, étroite et fort arrondie. Lorsque je monte dedans, je manque de basculer directement à l'eau. Se maintenir en équilibre sur la petite embarcation s'avère être un sport délicat. Je quitte le rivage précautionneusement, à petits coups de pagaie. Outre la difficulté de ne pas finir à l'eau, je me confronte à nouveau au problème de progresser sans faire de constants zigzags. Là, je n'ai pas de réponse évidente !



Après moins d'une heure de cette activité périlleuse, je décide de faire une pause salutaire. Je monte le canoë sur le rivage et m'installe pour une sieste. Une heure plus tard, lorsque j'envisage de repartir, un fort vent contraire s'est levé et des vagues de 30-40 centimètres se sont formées sur le lac. Je grimace, ce nouveau paramètre ne m'apparait pas comme une bénédiction.

Je tente tout de même de repartir. Je parcours ainsi 30 mètres. Les vagues rendent mon équilibre encore plus précaire et l'eau rentre généreusement dans le bateau. Sans surprise, après quelques mètres supplémentaires, il y a trop d'eau dans le canoë et celui-ci commence à s'enfoncer dans le lac. Je n'ai plus qu'à me jeter à l'eau et à retourner mon embarcation avant que celle-ci ne finisse au fond du lac. Je nage ensuite en traînant la barque jusqu'au lieu de ma précédente pause. Misère !!! Je laisse une dizaine de minutes s'écouler avant de retenter ma chance. Mais à peine suis-je assis dans le canoë qu'une forte vague remplie à nouveau celui-ci d'eau. Pu...naise ! Nouvelle pause, nouvel essai, nouvel échec, je n'ai plus qu'à vider l'eau du canoë et à hisser celui-ci sur la terre ferme. Je m'installe à côté, penaud, scrutant l'horizon et le vent qui ne cesse de souffler. Je suis mal barré.

Deux paysans qui travaillent à proximité m'invitent à partager leur petit abri de bois. Nous discutons malgré leur faible niveau d'anglais. Comme à chaque fois que je dis que je suis français, ils me répondent :
- "ZIDANE !"
-" Yes my friend, Zidane..."
Toutefois, leur culture est plus riche que ce que je ne pensais :
- "Mickael PLATINI !"
- " Michel PLATINI my friend, Michel..."
Je demande à mes deux amis à quelle heure ils pensent que le vent se calme. A priori, pendant la nuit. Après encore quelques propos échangés, je décide de retourner à la guesthouse à pied, j'irai chercher le lourd canoë en bois le lendemain, en espérant que les cieux soient cléments en début de matinée.

Le lendemain, je me lève tôt et j'ai droit à un splendide ciel dégagé et aucun souffle de vent. Je retourne donc à pied jusqu'à l'endroit où j'ai laissé mon canoë. Je salue au passage l'un de mes deux compagnons de la veille. Le retour se fait cette fois-ci relativement sans encombre.



En fin de matinée, je pars à pied avec dans l'idée d'atteindre le sommet de l'une des montagnes environnantes. Du lac, on ne voit qu'une épaisse végétation mais quelques toits en tôle révèlent une présence humaine. Je suis la route pour bifurquer à droite dans un village. Je continue sur une route dont la pente s'accentue à chaque mètre parcourue. Je suis accompagné un instant d'une dizaine d'écoliers qui rentrent chez eux, l'occasion pour eux d'essayer leur quatre mots d'anglais.

La route goudronnée fait place à un large sentier puis à un chemin étroit en béton. Après une bonne heure de marche, j'arrive dans un petit village avec ses 20 maisons et ses 2 mosquées. Un habitant qui m'aperçois me lance :
- " Sekura, Sekura !"
- "Euh, no, no, je vais bien."
- "Sekura, Sekura."
Comme il me montre du doigt le sommet de la montagne, je finis par comprendre que Sekura est le nom du sommet.
- "YES ! Sekura !"
C'est tout droit...
Je traverse encore un autre village, perché sur un plateau, puis arrive au sommet où je bénéficie d'une vue grandiose sur tout le lac.


Après 5 minutes de contemplation, je reprends ma marche en suivant "le chemin des crêtes". Ce dernier m'amène vers plusieurs villages dont je ne pouvais soupçonner l'existence. La vie semble ici paisible et les lieux sont en tout cas remarquables. Je croise des locaux portant des fagots de bois, faisant sécher des grains de café...
Deux heures plus tard, je parviens à un nouveau sommet. Celui-ci est réputé pour la pratique... des sports de vol ! Quand j'arrive, un amateur de deltaplane s'élance. Les indonésiens sont assez nombreux là, en train de siroter une boisson en regardant le lac. J'absorbe deux boissons gazeuses de marque américaine et repars en direction de la route qui descend vers le lac de Maninjau, le chemin est encore long et il fait nuit dans une heure !
J'arrive à la route aux 44 lacets un peu plus tard et commence à descendre les 7 kilomètres qui me séparent du lac au soleil couchant. Au virage 33, une tête sort d'un 4x4 :
- "You go to Maninjau ? Ok, climb !"
A l'intérieur du véhicule, un sympathique conducteur petit aux cheveux longs me salue. Il fait du deltaplane et redescend du col. Avec lui, 3 de ses amis font la route. Nous discutons agréablement jusqu'à ce qu'il me dépose devant ma guesthouse. Merci les amis !

Le soir, je retourne au bouib où je suis allé la veille alors que le village est plongé dans l'obscurité par une énième coupure de courant. Heureusement, le propriétaire du restaurant possède un générateur. Je papote avec les fistons du propriétaire, adolescents heureux d'utiliser leur anglais. Quand je leur dis que je pars le lendemain, le plus jeune des deux fait quelques photos qu'il imprime ensuite en double exemplaire afin que nous ayons chacun un souvenir.

Le 20 mai au matin, je prends un taxi collectif pour la gare routière de Bukinttinggi. Là, j'achète un billet de bus pour la ville de Sibolga. Le bus part à 17 heures, j'ai donc quelques heures à glander en ville, le temps de consulter mes mails, manger un nasi-goreng... A 17 heure, quand je vois mon bus, je comprends que je me suis fais arnaquer. J'ai payé pour un bus de luxe (125 000 rupiahs) et j'ai en face de moi un bus trentenaire, fatigué, la peinture violette craquelée, les sièges affaissés, plusieurs roues de secours couchées dont une dans l'allée même du bus (habituellement je paye 70 000 rupiahs le trajet pour ce type de bus). Le voyage s'annonce mouvementé.

Le bus part avec une heure de retard. Il fait nuit ici à 18h30 environ, je n'ai donc rapidement plus rien à contempler par ma fenêtre. Le trajet va durer près de 12 heures avec 4 arrêts : un pour manger, 3 pour des réparations !

Nous arrivons à 6 heures du matin à Sibolga. Je traverse le marché déjà en ébullition à la recherche d'une chambre où m'écrouler suite à une nuit quasiment sans sommeil. Je trouve mon bonheur un peu plus loin. Je prends une douche et me laisse choir pour me relever 6 heures plus tard. Je vais faire un tour dans cette petite ville chrétienne aux nombreuses églises. Les gens m'interpellent fréquemment, m'invitant à prendre un siège à côté d'eux. Je réponds à quelques sollicitations. Je vais finalement passer une partie de l'après-midi à jouer de la guitare avec un petit jeune. Le soir, je zone à la recherche d'un endroit où acheter un billet de bateau pour l'île de Nias, sans succès. Je finis ma soirée à regarder les performances d'acteur de Julien Ratel sur internet.

Le lendemain, je trouve mon sésame : un billet pour Gunung Sitoli, sur l'île de Nias. Le départ est à 20 heures, j'ai à nouveau beaucoup de temps pour glander... A 19h30, je sollicite un pousse-pousse et me laisse mener jusqu'au port. J'aperçois le ferry, il n'est apparemment pas de première main. J'ai pris un billet de seconde classe et ne vais pas le regretter. En arrivant en haut des escaliers pour accéder un premier étage du bateau, j'ai une vision d'horreur : 4 rangées de "lits" superposés de 2 mètres sur 10 de long où s'entassent une cinquantaine de personnes mangeant et fumant. Je n'ai aucune envie de faire le trajet dans une telle cage à lapins !

Je traverse les couchettes. Un jeune à casquette me fait signe de le rejoindre. Il est assis sur une grosse caisse en bois un peu à l'écart. Je m'assois à côté de lui. Nous essayons de discuter un peu avec mes 5 mots de bahasa et ses 10 mots d'anglais. Étant le seul "boulé" à bord, deux autres personnes nous rejoignent, curieuses de me connaitre et intéressées d'approfondir leur connaissance de l'anglais. Les questions n'arrêtent pas. Après avoir visionné partiellement un film porno sur un des téléphones portables, mes nouveaux amis souhaitent que je leur traduisent en anglais quelques mots qu'ils me font comprendre à renfort de gestes et de bruitages parfaitement éloquents. Nous aurons ainsi droit à pénis, vagin, anus et j'en passe. Heureusement, après une petite heure, Martin, dentiste à Gunug Sitoli, rejoint notre troupe et donne à la conversation une tonalité plus habituelle et distinguée.

Vers une heure du matin, les gens se décident à essayer de dormir. Sur ma caisse en bois, cela ne se révèle pas facile. Le bateau arrive finalement à Gunung Sitoli alors que j'ai du dormir seulement quelques minutes. Au port, les chauffeurs de taxi font la chasse. Je les esquive et file vers le centre ville à pied. Là, je prends mon traditionnel nasi-goreng et kopi avant de reprendre ma marche. J'arrive à une pseudo gare routière où je retrouve mes chauffeurs de taxi tout sourire. Pour aller à Sorake Beach, ils me réclament 300 000 rupiahs. Incroyable ! Je parviens a descendre le prix à 100 000 rupiahs (j'apprendrais par la suite que les locaux payent 60 000 Indonesian Rupiahs ou IDR).

Le taxi s'arrête à l'aéroport pour faire le plein de passagers. La plupart des arrivants sont indonésiens mais j'aperçois également deux "boulés" avec leur planche de surf. Et oui, l'île de Nias est avant tout réputée pour être un excellent spot de surf, un énorme rouleau s'offrant aux amateurs toute l'année.



Nous finissons par partir sur une route à nouveau étroite et défoncée. Le paysage est superbe : palmiers, rizières, maisons en bois, bananiers et bientôt la côte et une mer turquoise. Après 3 heures de voyage, nous arrivons dans la petite ville de Teluk Dalam. Mon chauffeur s'arrête là et me demande 100 000 IDR pour continuer jusqu'à Sorake Beach, pourtant situé à seulement 12 kilomètres. Je descends du véhicule et prends une moto-taxi pour 20 000 IDR. Celle-ci me dépose à Oikhoda Guesthouse. Je suis agréablement reçu par la famille qui tient l'hôtel et pour 50 000 IDR (moins de 5 euros), j'ai une grande chambre à l'étage avec deux lits, salle de bain, large balcon donnant sur la mer d'où je peux observer les surfeurs aguerris et une large crique bordée de palmiers. Je discute avec mes propriétaires et décident courageusement de me mettre au lit. Il est 16 heures.

Le 24 mai, je commence mon inspection des lieux par une marche le long de la plage. Je découvre un lieu magique : une plage avec ses palmiers et ses vagues qui s'étend indéfiniment et sa faune marine, notamment des crabes et une petite murène. Toutefois, il est quasiment impossible de se baigner ! En effet, depuis le tremblement de terre et le tsunami qui s'en est suivi en 2005, le sol s'est élevé de 0,50 à 3 mètres. Aussi, la plage fait place à une espèce de roche pas toujours engageante qui se termine à l'endroit où se fracassent des vagues impressionnantes. Certains locaux viennent chasser les pieuvres dans ces endroits où moi je ne m'aventurerai pas.




Le soir, je suis dragué par les locaux empressés de me vendre des sculptures, des t-shirts, ou de m'amener dans les villages alentours, de me louer un surf, de me donner des leçons de surf... Je rencontre ainsi Bebas qui me propose un surf de location pour une semaine pour 400 000 IDR avec une première leçon gratuite délivrée par ses soins. Je dis banco ! C'est parti pour la découverte de ce nouveau sport.



Le lendemain, il me livre le matériel. A la tête de mon propriétaire, je comprends qu'il y a quelque chose qui cloche. Nous commençons à discuter. Deux difficultés majeures sont pointées du doigt :
- pourquoi ne m'a t-il pas apporté une planche plus grande mieux adaptée aux débutants ?
- Bebas n'est pas prof de surf !

Il est ainsi décidé que le surlendemain, j'aurai droit à une nouvelle planche et que c'est finalement Anto, le jeune athlète du coin, qui sera mon professeur.
Je commence le matin même les leçons. Nous nous rendons à beach break. Anto m'explique qu'il y a des voleurs ici, aussi, il ne faut pas que je laisse mes sandales sur la plage. Il les dépose sur une épave échouée au bord de la mer.
Nous allons à l'eau. Le travail d'Anto consiste à me pousser dans le sens de la vague lorsque celle-ci arrive, afin d'avoir suffisamment de vitesse pour prendre celle-ci. En revanche, celui-ci n'a pas jugé utile de me donner une quelconque explication sur la manière de se lever et quelle position adopter sur le surf. Après 2 heures et plusieurs essais, j'arrive à me lever mais en raison d'une mauvaise position sur une planche un peu petite, celle-ci s'enfonce inexorablement dans l'eau. Je laisse Anto partir et je fais des essais tout seul pendant 2 heures. Quand je retourne à l'épave, je m'aperçois qu'avec la marée montante, la mer a emporté mes sandales ! J'aurais franchement préféré me les faire voler, au moins, mes chères sandales auraient servies à quelqu'un. Le soir, j'acquiers une paire de tongs pour moins de deux euros auprès de Bebas...



Le lendemain, Anto décide qu'il est préférable d'aller près de la vague des surfeurs "professionnels" car Beach Break n'offre pas assez de vagues. Je me retrouve ainsi à marcher sur les rochers alors que des vagues m'arrivent dessus avant de me lancer dans une espèce de machine à laver géante dans laquelle je suis secoué par des vagues de 2 ou 3 mètres de haut. Anto me propulse 3 fois et je parviens à avoir une position debout décente et à éprouver des sacrées sensations de glisse et de vitesse avant de retomber dans l'eau et d'avoir à lutter contre les flots. Au bout d'une heure, je suis lessivé... Nous arrêtons pour aujourd'hui après de premières sensations mais toujours pas d'explications !

Je décide donc dorénavant de m'occuper moi-même de ma formation. Aussi, je vais me rendre tous les jours à Beach break et m'évertuer à juger de la taille des vagues, à me mettre dans le sens de celles-ci et à nager de toutes mes forces quand la bonne vague arrive afin de prendre de la vitesse et lorsque mon surf est au sommet de celle-ci, appuyer mes mains fermement sur l'avant de la planche et me lever en étant propulsé par la vague et me sentir glisser sur celle-ci. J'ai effectué des essais concluants mais il y a encore de nombreux ratés et le style doit être discutable.

Peu désireux de goûter aux transports indonésiens si longs et inconfortables, j'ai décidé de prolonger mon séjour à Pulau Nias afin de rester non pas une semaine mais 16 jours, l'occasion de parfaire ma technique et de goûter à cet apparent petit paradis.

Je vais commencer à avoir une petite vie réglée : lever le matin à 9 heures, petit-déjeuner, direction beach break à pied, surf 2,3 ou 4 heures, lunch, sieste, compétition de tennis de table avec Titus à 17 heures, le propriétaire de l'une des guesthouses environnantes, dîner puis lecture, écriture...
Il va clairement manquer pendant cette période quelques sympathiques amitiés.

En effet, si la guesthouse voisine est bourrée de touristes surfeurs, la mienne est surtout occupée par des indonésiens qui ne restent qu'une ou deux nuits. En outre, les surfeurs brésiliens ou australiens, majoritaires ici, se déplacent souvent en groupe d'amis et ne cherchent pas à avoir des contacts extérieurs. Enfin, cette année est assez particulière. La propriétaire d'une guesthouse m'a confié que l'endroit est habituellement festif et que cette année était étonnamment calme.

En définitive, j'ai donc essentiellement sympathisé avec les locaux : propriétaires de guesthouses, vendeurs en tout genre, même les prostituées de la guesthouse voisine avec lesquelles j'ai partagé... quelques mangues.

Enfin, les 3 derniers jours, pas de vagues à Beach Break ! Misère ! Je me suis donc résolu à retourner dans le coin des pros me faire secouer les os et prendre difficilement quelques vagues.

Pulau Nias laissera donc une impression mitigée. Une image de petit paradis marquée par les tremblements de terre dans son sol et dans les mentalités. Ses habitants ont une psychologie de victimes et attendent des étrangers une aide économique constante, d'où une perpétuelle sollicitation parfois fatigante.



Le meilleur souvenir restera finalement la visite de l'un des villages traditionnels de l'île avec la maison du Roi du village, son mur de pierres que les habitants les plus doués sautent pour prouver leur force et leur adresse, son linge étendu par terre pour sécher, ses sculptures de bois ou de pierre, son coiffeur qui officie sur le trottoir...




Le 8 juin au soir, j'ai pris un nouveau bateau nocturne de Teluk Dalam à Sibolga, pour une nouvelle nuit horrible avec une porte qui s'ouvre et claque à chaque vague, des passages incessants des occupants du bateau... enfin une nuit courte, comme vous l'aurez compris. Je suis arrivé le matin à 8 heures à Sibolga où j'ai pris un mini van en direction de la grande ville de Medan, de l'autre côté de l'île de Sumatra. La route de montagne n'a apparemment pas plu à deux de mes jeunes voisines qui ont vomi régulièrement lors du trajet... A 11 heures, lors de l'arrêt repas, je me suis aperçu que j'avais le mal de terre, difficile d'être sur une surface plane et immobile ! Je suis arrivé à Medan à 18 heures sous des trombes d'eau. J'ai heureusement trouvé facilement une chambre dans une guesthouse et un billet de bateau pour le lendemain et l'île de Penang en Malaisie.

Le 10 juin, j'ai donc eu droit à une nouvelle journée de transport, jusqu'à la ville de Georgetown sur l'île de Penang, où je suis déjà passé il y a un peu plus d'un mois et demi. J'ai repris une chambre dans la 75 travellers lodge et j'ai pris un rythme pépère tributaire des horaires des matchs de la coupe du monde. J'ai rencontré là notamment Nicolas, qui va prochainement partir en Inde, Richard, l'anglais qui porte un t-shirt "fier d'être français"... Nous étions ainsi chaque soir une dizaine assis sur des chaises ou par terre dans l'entrée de la guesthouse, entre 20 et 70 ans, filles et garçons, malaisiens, japonais, allemands, hollandais... à soutenir l'Argentine ou l'Angleterre.

Comme le veut la tradition, j'ai bien entendu acheté le maillot de l'Italie avant le début de la compétition, c'était l'occasion de courir dans une partie de la ville à la recherche du bien convoité, et aussi de tenter d'expliquer pourquoi je suis français et je porte un maillot azur...

La vieille ville de Georgetown est en tout point agréable, les quelques journées passées là-bas ont été des plus tranquilles.


 
Hier matin, j'ai pris le bus de Georgetown à Kuala Lumpur où je me suis baladé rapidement sans trop de passion pour les grandes villes ; et cette nuit, à 3h15 (heure locale), je devrais m'envoler pour le Koweit, puis Rome, puis Paris, où je devrais arriver à 19h15, attendu par la Grande Jiji puis mon Comité de réception !
 
 

 A venir : une semaine sur Paris, puis, a priori : deux jours à Lyon les 23 et 24 juin avec un crochet par Saint-Étienne, puis Grenoble et suivant le programme des loulous un weekend en Maurienne ou quelque part en Rhône-Alpes. J'ai finalement abandonné l'idée, un moment en vogue dans mon esprit, de me rendre à Nice et de rentrer en Maurienne à pied par la Via Alpina, pour deux raisons : plus de sous, bien envie de revoir les miens rapidement.

Bien entendu, un weekend sportif et alcoolisé sera prochainement organisé pour fêter dignement mon arrivée, éventuellement à Saint Rémy de Maurienne.

Maintenant, il ne me reste donc plus qu'à bâtir mon futur proche. En tout cas, je me verrais bien cet été à travailler dans une ferme dans les montagnes et faire les vendanges dans le beaujolais fin août, en souvenir du bon vieux temps !

Bon les amis, c'est donc la fin de "Tony fait un beau voyage". Finalement, mon périple n'aura duré "que" 11 mois. J'espère que mes récits vont ont fait réagir, plaisir, réfléchir, pâlir mais jamais gémir.

A bientôt donc !
Je vous embrasse et bien fort.

Tony le revenant.

PS : un grand merci aux auteurs des messages laissés. Mon blog avait pour objectif de garder le lien avec mes amis, cet objectif est plus que rempli puisqu'il a même été l'occasion de renouer contact avec des personnes que nos chemins ont éloignés. Mes amitiés à la famille Castellan, lecteurs assidus !








mardi 11 mai 2010

De Sihanoukville à Melaka (du 9 avril au 11 mai) :

Selamat Pagi !


Bonjour les amis !

Ce message a une saveur bien particulière, en effet, c'est l'un des derniers textes de ma composition qui vient agrémenter mon blog. Après un gros coup de blues survenu il y a un peu plus d'un mois, et compte tenu de mes finances dont le niveau baisse inexorablement, j'ai décidé de donner une date à mon retour en France, ce sera le 15 juin prochain que je foulerai notre bonne terre gaullienne. Je dispose donc encore d'un bon mois pour profiter au maximum de cette épopée voyageuse à travers le monde.

Relativement à mon itinéraire initial exposé il y a bientôt 10 mois de cela, des modifications sont survenues. Vous l'aurez peut être constaté, la 3ème étape du voyage s'est vue amputée du passage au Vietnam. En effet, Juju et moi avions décidé de concert de ne pas aller ensemble au Vietnam dans la mesure où il ne disposait "que" de 10 semaines de vacances. Aussi, nous avions privilégié le Laos et le Cambodge où nous sommes restés au total deux mois.

Après le départ de Juju, j'ai envisagé plusieurs alternatives notamment de me rendre au Vietnam, puis aux Philippines et enfin aux États-Unis pour traverser les Rocheuses à pied. Depuis, je suis finalement revenu à un programme plus fidèle à ma pensée originelle et moins coûteux, puisque j'ai gagné, non sans mal, le sud de la Thaïlande où j'ai passé quelques jours à Krabi avant de "descendre" en Malaisie.

Demain, je vais prendre un bateau qui m’amènera à Dumai, sur l'île de Sumatra, en Indonésie. Aussi, si je n'atteindrai pas le but fixé au départ de mon périple, à savoir la Papouasie, je devrais tout de même visiter une petite part de l'Indonésie et continuer d'user mes sandales, qui commencent à être fatiguées après 4 mois d'utilisation quotidienne, sur quelques plages et volcans (éteints) indonésiens. Mais bon, n'allons pas trop vite en besogne, revenons-en à mon départ du Cambodge.

Le 8 avril, j'ai acheté à Sihanoukville (Cambodge) un billet de bus pour Pattaya, en Thaïlande, où j'espérais embarquer dés le lendemain matin pour le sud du pays, à Krabi, afin d'admirer les fameux rochers qui jouxtent la mer et font le bonheur chaque année de centaines d'amateurs d'escalade. Ce plan presque parfait comportait quelques incertitudes : comment et à quelle heure j'allais arriver à Pattaya sachant que mon bus s'arrêterait définitivement à la frontière cambodgienne et que j'aurai ensuite des correspondances ? Est-ce qu'il y aura des bus pour le sud de la Thaïlande au départ de Pattaya ?

Je n'ai pas été déçu par les réponses. Comme prévu, je suis parti à 8 heures du matin (au lieu de 7h30) et mon bus s'est arrêté à la frontière cambodgienne et s'en est retourné à Sihanoukville. Les formalités de visa accomplies, j'ai attendu un nouveau bus avec mon malheureux ticket papier mentionnant Pattaya écrit à la main. Après une heure d'attente, un thaïlandais m'a indiqué un van dans lequel j'ai embarqué. Celui-ci a fait quelques kilomètres puis tous les passagers sont descendus afin de prendre un autre van moins confortable. Celui-ci nous a déposé dans la gare routière de la ville de Trat. Là, j'ai présenté piteusement mon ticket de bus. On m'a dit d'attendre une heure, jusqu'à ce qu'un chauffeur de sawngthaew m'invite à monter dans son taxi. Nouvel arrêt dans une station essence où un nouveau van m'attend.

Cette fois, nous allons directement a Pattaya, enfin après un dernier arrêt au commissariat, le chauffeur ayant apparemment quelques problèmes à régler avec la police locale. Je suis arrivé à Pattaya à presque 22 heures. Je me trouve une chambre pas trop chère et vais faire un tour en ville. Je découvre que Pattaya est la destination favorite des cinquantenaires anglo-saxons amateurs de filles. Les bars à hôtesses pullulent. Dans la rue, un lady-boy plus haut que moi sur ses talons me propose de rentrer dans le pub ou il/elle travaille. "Merci ma grande, j'en ai assez vu pour aujourd'hui, je vais me coucher."

Le lendemain matin, on me confirme qu'il n'y a pas de bus pour le sud de la Thaïlande, je dois me rendre a Bangkok. Zut ! J'arrive dans la capitale thaïlandaise en début d’après-midi. Sur le trajet qui mène à la gare routière Est, j’observe quelques "chemises rouges", les militants qui s'opposent au gouvernement actuel et organisent des manifestations quasi-quotidiennes. J'achète un billet pour un bus de nuit jusqu'à Krabi. Après une nuit sans sommeil, je change deux fois de bus puis prends un bateau de Krabi jusqu’à la plage de Hat Ton Sai.

Le lieu est magnifique : mer turquoise, plage de sable blanc, rochers escarpés et jungle. Toutefois, les constructions s'étendent progressivement pour dévorer la jungle et des nombreux touristes, la plupart sont davantage là pour boire de la bière que pour faire de l'escalade.



Étant seul et sans matériel, n'ayant pas trouvé d'âme charitable m'offrant de grimper avec elle, je me renseigne sur les tarifs pour faire une matinée d'escalade avec un moniteur. 500 baths pour être encadré par quelqu'un qui n'est pas Bruno Ligas, non, pas moyen ! Je consacre alors mes journées à explorer les plages et îles alentours en canoë. Mes aventures me permettent de découvrir une murène et un serpent de mer. Ouhouh ! Je ne me créé guère d'amitiés jusqu'à la veille de mon départ.

Le 13 avril, c'est le nouvel an thaï et tout le monde fait la fête. Il y a un concert reggae dans ma guesthouse. Je bois des bières et sympathise avec des allemands (authentique). L'un ressemble étrangement à mon pote Cosmic. Pendant la soirée, celui-ci me dit que j'ai des airs d'un acteur français, "ach, comment s'appelle-t-il déjà.... Jean RENO, oui, c'est ca." Comme c'est la 6ème ou 7ème fois pendant ce voyage qu'on me le dit, je commence à accorder un peu de considération à cette remarque. Ça me fait plaisir quand je repense aux films "Léon" ou "Nikita", mais je n'arrive pas à m'enlever de l'esprit la tête de Jean RENO dans "Les visiteurs", effrayant non ?!?

Je pars de Krabi sans remords. Après mon petit paradis cambodgien d'Otress Beach, je commence à me dire que la recherche d'un coin de plage vierge risque d'être peine perdue. Après un nouveau périple en bus pas plus agréable que le précédent, je parviens à Alor Setar, au nord de la Malaisie. Je reste là une journée simplement pour observer la vie des habitants dans cette ville non touristique. Après avoir quitté le Moyen Orient 3 mois auparavant, je retrouve l'ambiance des pays musulmans avec les appels à la prière, les femmes voilées mais aussi, et surtout, une population souriante, avenante et accueillante. Les gens m'aident dans la rue pour trouver mon chemin (et vont jusqu'à m'accompagner à ma destination pour être sûr que je ne me perde pas !) et le soir, des jeunes m'invitent à partager leur narguilé et à papoter.

Je m'engage ensuite dans mon "island trip". Une première île en vue : Langkawi. Je prends un bateau à coté d'Alor Setar jusqu'à Khua, la grande ville de l'île. De Khua, je m'engage à pied vers la plage de Cenang. Un couple d'anglais me prend en stop. Tant mieux, 15 km à pied par cette chaleur, ce n'est pas un cadeau. Sur place, aïe ! cela parait bien commercial. De nombreuses guesthouses, des commerces divers et sur la plage, j’observe les jets skis et parapentes ascensionnels, une sorte de Disneyland pour touristes asiatiques et étrangers.

Heureusement, je ne vais pas tarder à découvrir d'autres plages quasiment désertes.


En outre, en faisant le tour de l'île en vélo (70 km avec un biclou trop petit dont les plateaux ne fonctionnent pas), je constate que la majorité de l'île est épargnée par le tourisme et qu'il n'y a que quelques petits villages avec leurs mosquées, des bateaux de pêche... J'ai même la chance de voir 2 gibbons avant qu'ils ne s'enfuient à ma vue. Lors de la visite en télécabine du point culminant de l'ile (700 mètres), je rencontre des moines bouddhistes thaïlandais photogéniques !



Après 5 jours alternant glande et exploits sportifs en tout genre, je décide de changer d'air et d'embarquer dans un bateau en direction de l'île de Penang. J'arrive ainsi à la ville portuaire de George Town où je décide de rester 2 jours. La ville est d'une impressionnante mixité culturelle. La population malaisienne côtoie les personnes d'origine chinoise ou indienne. Les mosquées sont entourées de temples hindous, de temples bouddhistes et d'églises plus ou moins catholiques, de l'immaculée conception, évangéliste... Tout ce beau monde a l'air de s'entendre à merveille dans la mesure où les habitants partagent dés leur plus jeune âge les mêmes écoles, selon Dominique, un malaisien rencontré dans un bouib où il m'offre ma soupe de noodle. Je me balade dans Little India ou dans China Town, envouté par la musique et les senteurs.



Désireux de retrouver un lieu plus naturel et un accès à la mer, je me rends à la plage de Batu Ferringhi. Quelle bien mauvaise idée ! Là, je ne trouve que buildings, jetskis et chambres hors de prix. Je décide de rester tout de même une nuit. Pendant la journée, je rencontre 2 sympathiques chiliennes, Daniella et Lorena. Nous papotons, mangeons ensemble, j'en viens à me demander si je ne vais pas finalement rester un ou 2 jours de plus mais le peu d'affinités avec les lieux et le rythme des dépenses de mes deux nouvelles amies me convainquent de maintenir ma date de départ.



Sous une pluie diluvienne, je prends le bus pour George Town, puis le ferry jusqu'à Butterworth où je trouve le soir même un bus nocturne pour Kota Bharu et ma prochaine étape : l'île de Perhentian Kecil. Après quelques péripéties, je monte dans un bateau en direction de Kecil. La mer est démontée, aussi, la petite embarcation de 10 mètres de long ne pousse pas ses deux moteurs de 300 chevaux à fond. Nous arrivons sur une petite plage, Corail Beach, où se dissimulent avec plus ou moins de réussite 5 guesthouses, autant de restaurants et d'écoles de plongée sous marine.

(Et là, en direct live, je viens de perdre toute la fin de mon message qui était quasiment terminée, vous imaginez mon état de rage, merci l'informatique ! Bon, ben plus qu'à recommencer. La voie vers la sagesse est un long et douloureux chemin... Bon, allez, je me permets encore quelques volées d'injures gratuites et inutiles et je m'y remets).

Je fais le tour des logements avec Stéphane et Tania, couple rencontré le matin même. Je pense rester seulement 2 ou 3 jours ici, l'autre plage de l'ile, Long Beach, offrant des bungalows plus accessibles. En effet, il faut débourser ici entre 45 et 140 ringgits pour une nuit (soit entre 10 et 30 euros). Nous arrivons à l’extrémité de la plage, à la derniere guesthouse. La réception, un bâtiment complètement détruit sans occupant, n'est guère engageante. Nous continuons tout de même notre chemin entre les petites maisonnettes en bois. Nous parvenons à un bungalow dont la porte est ouverte, peut-être la possibilité de solliciter des renseignements. Et là, bim, grosse surprise, je découvre Stéphanie Charpin, ancienne camarade du collège et du lycée que j'avais vu la dernière fois 6 ans auparavant alors que je zonais près de l'ANPE de Saint Jean de Maurienne en quête d'un travail. Stéphanie, tout sourire, les cheveux longs, le teint mat, m'explique qu'elle voyage depuis quelques mois avec son compagnon en Océanie et Asie du Sud-est, drôle de coïncidence de se rencontrer ici.

Ils partent quelques heures plus tard, nous avons tout de même le temps de partager un petit-déjeuner. Afin que le bungalow reste une possession mauriennaise, je m'empare des lieux. Bon, la vue plongeante sur la mer est également un autre motif de rester là.



La journée est définitivement pluvieuse. Je m'offre une journée molle : lecture de magasines féminins français laissés par de précédents occupants en début d’après-midi et squatte d'un resto le reste du temps où je rencontre Jean-Pierre et Valérie, agréable couple néo-dijonnais, avec lequel je papote jusqu'à l'heure du coucher.

Les jours suivants, le soleil irradie et permet de mieux appréhender la beauté des lieux. Équipé de mon masque, tuba et appareil photo, ainsi que de palmes de location, je m'engage dans l'examen minutieux de la côte. Si à quelques endroits il n'y a qu'un spectacle désolant de coraux morts où seuls les poissons multicolores apportent une touche de gaieté, les autres sites sont, pour mes yeux de montagnard, un vrai enchantement : coraux de tailles diverses, de minuscules a énormes, de couleurs discrètes ou vives, poissons abondants, longilignes comme le poisson aiguille ou Nemo, quelques requins de petites tailles, entre un et 2 mètres et, heureusement, ne cherchant guère les contacts.






Je pense avoir trouvé mon petit paradis. En outre, pour compléter le tableau, je sympathise avec les membres de l'un des organismes de plongée, notamment avec la truculente belge Justine et avec le calme japonais Wataru.

Je passe ainsi 6 jours de rêve à Corail Beach que je n'ai quitté qu'une fois mes réserves financières épuisées. Au rang des exploits inutiles, à noter que j'ai fais le tour de l'ile en canoë, ce qui s'est révélé particulièrement difficile compte tenu des courants contraires. Pendant les 4 heures de bataille, j'ai passé deux heures à ramer uniquement du bras droit pour ne pas finir mon projet contre les récifs...

J'ai ensuite pris différents moyens de transport (bateau, bus puis train, bus et à nouveau bateau) pour parvenir jusqu'à la jungle de Taman Negara. Ce parc naturel est réputé pour abriter la plus ancienne foret tropicale du monde.

Afin d'épargner mon porte-monnaie, j'ai pris un lit dans un dortoir et je me suis passé de guide lors de mes balades. Pour retrouver un peu le goût de l'aventure et le bonheur de porter un sac à dos, je me suis organisé deux jours de marche en solo dans la jungle, soit 17 kilomètres aller-retour, avec nuit sous la tente. J'ai conservé de mon périple dans les Alpes tout le matériel nécessaire à une telle excursion : tente, tapis de sol, sac de couchage, aspi-venin, filtre à eau, même du riz acheté en Jordanie... oui, tout, sauf une bonne paire de chaussures ! C'est donc muni de mes sandales que je me suis enfoncé dans la jungle. Je prenais avec moi 6,5 litres d'eau compte tenu de l'importante chaleur humide qui règne ici.

En un peu plus de 3 heures, j'ai atteint le camp. J'avais donc tout loisir d'organiser mon occupation des lieux. Toutefois, c’était sans compter sur l'essaim d'abeille qui s'est pris de passion pour mes affaires. J'ai fuis jusqu'à la rivière la plus proche où je me suis immergé. Mes amies m'ayant définitivement adopté, il m'a fallu trouvé une autre solution. J'ai donc tenté avec succès de les éloigner en faisant du feu, ce qui n'est guère agréable lorsqu'il règne une telle chaleur.



Le soir, je me suis préparé mon "fameux" riz au feu de bois puis j'ai écouté les bruits et rumeurs de la jungle. Pendant la nuit, un violent orage a projeté de furieux éclairs qui ont illuminé les arbres avant qu'une pluie torrentielle ne s'abatte sur ma pauvre demeure. Le matin, je me suis préparé lentement en attendant que ma tente et le sol sèche, le temps pour mes abeilles de faire leur retour. Cette fois, le feu ne les effraie plus. C'est donc habillé en apiculteur, en pantalon, chaussettes, t-shirt manches longues, bandeau sur la tête et cuissard, faute de mieux, pour me protéger le visage, que j'ai rassemblé consciencieusement mes affaires une à une, sans me faire piquer. J'ai ensuite repris ma marche.



Sur le trajet, j'observe de drôles de vers de terre qui avancent en faisant des "pas" en basculant d'une extrémité de leur corps à l'autre. Bon Dieu ! Ce n'est pas marrant du tout, ce sont des sangsues ! Sorties avec la pluie, les lombrics ont apparemment très faim. Je les fais dégager des que j'en vois une sur l'une de mes sandales. Je m'empare même de l'une de ses bestioles alors qu'elle a commencé à s’infiltrer entre les mailles de mon pantalon au niveau de ma cuisse ! Quelle horreur. Je décide de ne pas trop m'attarder. 3h15 plus tard, je suis de retour au village de Kuala Tahan où se trouve mon dortoir.

Je suis resté ainsi 5 jours dans le parc. Pendant ma longue balade, je n'ai croisé quasiment personne. Les animaux se sont également fait discrets. J'ai aperçu des insectes étonnants, plusieurs oiseaux (pics verts, pies, calaos...), des chauve-souris, un long et fin serpent, un gibbon dont j'ai capté le regard avant qu'il ne saute majestueusement sur une autre branche, et j'ai fait fuir un varan. La richesse a été davantage dans la contemplation des arbres plusieurs fois centenaires et dans la végétation luxuriante. J'ai également croisé quelques habitants originels des lieux, dont 2 hommes petits, extrêmement noirs, les cheveux très frisés, partis à la chasse avec leurs sarbacanes traditionnelles.

J'ai quitté Taman Negara hier matin en traînant les pieds. Je me suis offert un nouveau périple en bateau puis en bus de près de 14 heures pour atteindre Melaka, au sud de la péninsule Malaisienne, via Kuala Lumpur. J'écris donc à partir de cette ville un peu étrange avec ses énormes galeries commerciales où l'on trouve des t-shirts Quicksilver ou des chaussures Salomon, mais également des vestiges de l'occupation portugaise puis hollandaise...

Demain matin, je vais prendre le bateau pour Sumatra, Insha'Allah ! J'ai prévu de rester un mois sur l'île qui recèle de merveilles avant de retourner en Malaisie et à Kuala Lumpur d'où je m'envolerai à destination de Paris.

Mais ceci est une autre histoire, et je ne manquerai pas de vous la raconter !

Un gros bisous à tout le monde.
Une dédicace spéciale pour les loulous à la Réunion et pour Maurizio mon idole.
Mes amitiés à la Maman de Marjorie.
Le salut à la famille à Villargondran et Annecy.

A bientôt.
Tony, internaute fatigué.

PS : pour répondre aux commentaires du précédent message :
Oui Bobo, promis, je passerai en Corrèze.
Oui, les voyages forment la jeunesse (un beau sujet de philo).
Gaël, tu te souviens qu'il y a 20 ans nous étions en 6eme A et nous avions droit au cours d'anglais de Madame Bochu. Alors, ce coup de vieux ?
Jah Rem's, à très bientôt pour un concours de culs blancs, fait gaffe, je suis très fort.
Courage Benj' !

samedi 27 février 2010

De Bangkok à Sihanoukville (du 20 janvier au 8 avril) :

Sousadai ! Salut les amis !


Bordel ! Excusez-moi cet écart de langage mais un mois et demi de retard dans la mise à jour de mon blog, il y a de quoi m'adresser des reproches nourries au paraître fondé. Bien heureusement, et vous l'imaginez aisément, je dispose d'excuses redoutables. La première, et elle me semble imparable, est que j'ai manifestement rédigé un message il y a 3 semaines de cela mais l'ordinateur l'a scandaleusement éliminé au moment où je cliquais délicatement, l'angoisse au ventre, sur l'icône "publier le message", envoyant mon chef d’œuvre au cimetière des écrits numérisés perdus. Enfin soit, je ne vais pas noircir cette page de justificatifs inintéressants.

Vous pourriez alors être tentés de dire que j'ai eu tout loisir de mettre ce temps à profit pour penser, préparer, peaufiner un joyau, une merveille de conte détaillant avec précisions mes aventures de voyageur au quotidien. Toutefois, ayant toujours privilégié la spontanéité de cette page, c'est donc bien les mains vides que je me présente ce jour devant cet écran où je me dois de communiquer mon itinéraire passé et à venir.Vous l'aurez compris, devant l'ampleur de la tâche, je tente de temporiser.

Bon Dieu, mais par où commencer ? Par le début ? Quelle démarche bien saugrenue !

Thaïlande (du 20 janvier au 10 février) :
Comme je l'évoquais dans mon précédent message, je suis arrivé à Bangkok le 20 janvier bien fatigué grâce à 6 heures de décalage horaire et un vol bon marché entre la Jordanie et la Thaïlande avec une escale au Bahreïn où j'ai eu la chance d'attendre ma correspondance de 17 heures à 1 heure du matin (dernier vol pendant lequel, bien sûr, la sympathique hôtesse m'a réveillé pour me tendre un plateau repas lorsque, après 2 heures de lutte intense, je suis enfin parvenu à m'endormir malgré les 60 centimètres dont je disposais pour caser mes jambes).

J'ai regardé Bangkok de la fenêtre du bus avec beaucoup de curiosités jusqu'à ce que celui-ci s'arrête à Khao San Road, le prétendu repère des aventuriers qui frappent à la porte de l'Asie du sud-est (dixit certains sites sur internet). Il s'agit en fait d'un immense ghetto touristique avec ses dizaines de chauffeurs de tuk-tuk (moto équipée d'une "charrette" où vous pouvez entasser 4 touristes ou 12 locaux), ses vendeurs de souvenirs inoubliables et ces multiples guest houses. Lorsque j'ai croisé mon vingtième touriste torse nu, le corps body buldé et tatoué, tenant d'une main une bière et de l'autre sa "fiancée" thaïlandaise, je n'ai dés lors eu qu'un seul mot d'ordre en tête : "PARTIR" !

Mon Julien ne devant arriver à Bangkok que dans une semaine, j'avais quelques jours devant moi pour m'adapter au rythme du pays et surtout à sa chaleur accablante (35 degrés de chaleur humide, ça fatigue son homme). J'optais donc pour un circuit qui m'a mené d'abord à Kanchanaburi (où se trouve le pont de la rivière Kway) où je me suis initié au hamac et à la baignade dans les somptueuses cascades d'Erawan, puis à Ayutthaya, l'une des anciennes capitales thaï, où j'ai visité avec Khaled, l'un des premiers back packers égyptiens, les magnifiques temples et édifices influencés par l'architecture khmer.



Je suis ensuite revenu à Bangkok pour réceptionner mon Juju à l'aéroport. Celui-ci n'a pas non plus eu de coup de foudre pour cette ville, nous sommes donc repartis dés le lendemain pour le parc naturel de Khao Yai. Nous avons loué une tente dans l'un des 3 campings du parc et fait du stop le premier jour pour nous déplacer à l'intérieur de celui-ci avant de faire un petit trek dans la jungle pendant lequel nous avons pu apercevoir notamment des singes, un varan de 2 mètres en plein milieu du chemin et un crocodile.
 
Le lendemain, après une nuit largement perturbée par nos nombreux voisins de camping venus pour le weekend faire la fête, nous avons opté pour un nouveau trek de 8 kilomètres dans la jungle, accompagné des sympathiques jumeaux rencontrés la veille, Julien et Vincent, et de l'israélien Yavi. Faisant fi des conseils péremptoires de l'office d'information, nous sommes partis sans park ranger, considérant que les risques de se perdre ou de croiser des animaux hostiles ne justifient pas la somme d'argent exigée pour bénéficier d'un guide. 
Tout s'est passé a merveille. Nous avons admiré les singes gibbons sautant de branche en branche, les impressionnants calaos à l'envergure démentielle et dont le battement des ailes provoquent un véritable raffut dans la jungle, des arbres de taille vertigineuse et de diamètre prodigieux... Tout s'est donc bien passé jusqu'au kilomètre 6,5, moment où nous avons perdu les balises qui indiquent l'itinéraire et où nous avons suivi un chemin en fait laissé par le passage de pachydermes...

En bon montagnard, j'ai pris les commandes de l'équipe et décidé de battre en retraite jusqu'à un ruisseau 200 mètres en contre-bas que nous avons atteint grâce à un magnifique hors piste dans les bambous et la végétation luxuriante. Nous décidons de suivre ce ruisseau jusqu'à une cascade qui est signalée sur notre plan sommaire. Tout s'est bien passé là aussi. Nous avons bien trouvé une cascade ... mais pas celle qui figure sur le plan ! Après quelques tâtonnements, nous sommes enfin parvenus à retrouver le chemin balisé et nous sommes rentrés à bon port avec quelques heures de retard sur notre pseudo programme !




Passé ces émotions aventureuses, nous avons opté pour un planning plus classique et moins dangereux, à savoir la visite des principales ruines de temples bouddhistes. Nous nous sommes ainsi rendus en bus dans la modeste ville de Lopburi (où nous avons croisé Marie, camarade de vol de Juju), puis en train à Sukhotaï (une autre ancienne capitale thaï) et Si Satchanalaï. Nous en avons eu franchement plein les yeux. Après ces quelques journées consacrées aux vieilles pierres, nous avons souhaité retrouver un peu de nature sauvage.



 
Nous sommes alors partis en direction de Mae Sot et de Mae Sariang, au nord de la Thaïlande, près de la frontière avec la Birmanie. Le premier jour, nous avons visité les récentes pagodes.




Le second jour, nous avons fait une longue balade à vélo qui nous a notamment amené à un parc où le salarié de l'office d'informations d'une quarantaine d'années aux airs efféminées a, lorsque je lui ai demandé s'il parlait anglais, répondu en prenant une pause lascive : " just a little bbiiiiittttttccccccchhhhhhhhhh !"...

Nous avons ensuite pris la direction de Chiang Mai pour la fameuse fête des fleurs. Celle-ci ne présentait en fait guère d'intérêt (je crois qu'ils ont oublié les fleurs) et cette ville envahie par les touristes et la prostitution n'a pas reçu notre suffrage. Nous avons donc fui à nouveau l’atmosphère urbaine pour gagner le village de Tha Ton où nous avons fait de longues balades à vélo au milieu des rizières, des plantations et d'étranges temples multi-colores en forme de pièces montées.




De là, nous avons pris un bateau pour descendre jusqu'à Chiang Rai, puis en bus pour la frontière thaïlando-laotienne.

L’expérience thaïlandaise a été intéressante dans la mesure où elle a constitué le premier contact avec les pays du sud-est asiatique. J'ai été charmé par l'esthétique des lieux : ses magnifiques temples, ses couleurs vives, ses visages avenants. Toutefois, pour moi, le pays est trop marqué par le tourisme et nous n'avons guère sympathisé avec ses habitants pour lesquels nous ne sommes que des clients. J'ai donc montré une certaine impatience a découvrir le Laos.


Laos (du 10 février au 10 mars) :

Un ancien rencontré à Tha Ton nous a glissé parmi ses centaines d'anecdotes que nous avions de la chance, cela ne fait pas très longtemps que les routes sont goudronnées au Laos. Toutefois, dans le bus qui nous amène à Luang Nam Tha, notre première étape, nous estimons notre chance toute relative. En effet, la route est sinueuse et souvent en travaux, rendant le transport inconfortable.

La petite ville de Luang Nam Tha est présentée comme une base pour effectuer des treks dans le parc naturel à proximité. Malheureusement, sur place, il apparait que l'ensemble de ces activités nécessitent de passer par une agence de voyage qui vous vend un tour où vous serez fatalement encadrés et entourés de touristes au profil plus ou moins intéressants, sans parler du prix. Peu désireux de payer pour une telle prestation, nous nous sommes rabattus une nouvelle fois sur la location de vélos, tout terrain cette fois, et avons entrepris notre propre visite des lieux. Nous avons ainsi atteint une cascade où sur le chemin nous avons observé une vieille laotienne dans son habit traditionnel noir qui tissait des tiges de bambous pour faire des textiles. Nous nous sommes également enfoncés dans des sentiers dans la forêt où nous avons parfois constaté à regret que les agriculteurs ont brulé des collines entières pour disposer de terres cultivables. La mode étant au teint pâle, nous avons eu la surprise de constater que les jeunes filles se déplacent en vélo avec un parapluie à la main en guise d'ombrelle pour se protéger du soleil...

Après Luang Nam Tha, nous nous sommes déplacés jusqu'au village de Nong Kiaw. Le bus a emprunté la route principale qui s'est avérée assez horrible. Pour supporter la climatisation du véhicule et les lacets de cette route de montagne, il faut avoir le cœur bien accroché, ce que tous les laotiens ne semblent pas avoir ! A 30 kilomètres du but, le car nous a laissé à un croisement où nous avons pu emprunter un "sawngthaew" (espèce de camionnette avec l’arrière aménagé de deux bancs qui se font face, peu contenir jusqu’à 25 passagers selon le degré d'inconfort toléré). Celui-ci est tombé en panne pendant le trajet, nous permettant une pause inopinée dans un village.

Nong Kiaw est une petite perle relativement épargnée par le tourisme. Le Nam Ou y coule paisiblement dans un paysage de montagnes et de falaises à la verticalité impressionnante. Nous avons fait une balade découverte des lieux qui nous a amené à un village constitué uniquement de maisonnettes en bois. Là, nous avons trouvé l'ensemble de la population bourrée à 3 heures de l'après-midi au motif du nouvel an chinois. Une villageoise nous a entraîné vigoureusement dans la "salle des fêtes" où des vieillards aux sourires édentés nous ont offert des verres de lao-lao, l'alcool de riz local, très efficaces à cette heure de la journée lorsqu'il fait bien plus de 30 degrés. Ils nous ont ensuite offert les fameux bracelets blancs de l'amitié, fait goûter un plat constitué d'un fruit qui ressemble à un haricot aux saveurs étranges mi-sucrées mi-épicées, puis ils ont tenté de nous extorquer quelques billets. Nous avons pris la poudre d'escampette en acceptant la proposition de 3 jeunes du village de nous accompagner jusqu'à des grottes où l'armée américaine aurait établi une base pendant le conflit qui l'a opposée au Vietnam. La géologie des lieux était impressionnante, comme le prix qu'il nous ont réclamé pour la visite (mais pas obtenu...).

Le lendemain, nous avons loué une pirogue traditionnelle en bois. Équipés de nos deux pagaies, nous avons entrepris de remonter le Nam Ou, ce qui, pour deux "falangs" (touristes en laotien) ne représentent pas le moindre des défis. Une fois surmonté les difficultés inhérentes aux rapides et à l'impossibilité de maintenir un cap rectiligne, notre échappée solitaire a pris des allures sympathiques. Nous étions uniquement entourés des pécheurs et des habitants des villages qui jouxtent le fleuve et qui vivent en toute simplicité au rythme de celui-ci.



 
De Nong Kiaw, nous avons ensuite pris un bateau pour Luang Pra Bang, agréable ville aux nombreuses maisons de style colonial. La présence de nombreux touristes permet à la ville d'être prospère et d'assurer l'entretien de ses vieilles maisons. Là, nous avons retrouvé nos amis Thomas et Gath rencontrés plus tôt à Nong Kiaw. Nous avons profité de la biennale de la photographie, exposition organisée par la ville et dont nous rencontrerons l'une des protagonistes, Agathe, plus tard. Enfin, Juju a pu se mesurer sur place à quelques joueurs de badminton.





Nous avons ensuite gagné en bus Ventiane, la tranquille capitale laotienne. Passé la visite de la grande stupa dorée, symbole national du pays, nous avons quitté l'agglomération pour atteindre le village de Ban Khoum Kam.






Là, nous avons exploré en pirogue une grotte de 7 kilomètres de long empruntée par les producteurs de tabac, nous nous sommes essayés à la motocyclette à 4 vitesses et nous nous sommes baladés dans la jungle en compagnie de Kay et Lim, deux charmantes coréennes, jusqu'à d'impressionnantes cascades. Un jeune laotien rencontré sur place nous a donné quelques leçons de snooker. Au niveau des désagréments, nous nous sommes aperçus au bout du 3ème jour que le charmant propriétaire du bungalow que nous louions, ancien enseignant et francophone, utilisait les autres chambres dans le cadre de la prostitution de ses 5 filles...



Ensuite, nous nous sommes rendus dans la paisible ville de Savannakhet, où nous avons loué une motocyclette pour découvrir les environs éloignés, l'occasion de découvrir également qu'il ne faut pas appuyer son mollet droit sur le pot d'échappement lorsque l'on est en short (moi), et qu'il ne faut pas éviter à tout prix les poules qui traversent la route au risque de se renverser (Juju). Heureusement, ces découvertes se sont faites sans gros bobos.

Nous avons par la suite poursuivi notre itinéraire vers le sud du Laos. Nous avons fait halte à Pak Song où, pas rancuniers, nous avons loué une moto pour 3 jours, le temps d'explorer le plateau des Boloven fameux pour ses chutes d'eau et son café. Nous avons notamment dormi à Tat Lo où nous avons rencontré de nombreux backpackers sympathiques (Quinta, Julie, Jean-Sébastien, Miguel, Thomas...) et sympathisé avec une petite famille de laotiens. Nous avons joué au tat to avec leur fils (sorte de volleyball avec une petite balle tressée, se pratique avec les pieds et la tête !), pris notre bain avec tout le monde dans la rivière voisine et bu des verres avec le père et son beau-frère avant de finir à la fête du village où nous avons fait sensation en tant qu'uniques falangs dépassant de surcroit d'une tête le reste de la population.



 
Après ce circuit qui s'est déroulé sans encombre, nous avons atteint Champasak, ville réputée pour ses temples khmers classés au patrimoine mondial de l'Unesco mais complètement en réhabilitation lors de notre venue, donc assez décevant.
 
Pour clore le chapitre laotien, nous avons passé quelques jours dans l'extrême sud du pays, sur l'île de Det (Don Det), l'une des 4 000 îles du site. Si celle-ci est relativement envahie par les guesthouses, la vie y demeure paisible, au rythme d'un Mékong léthargique pendant l'actuelle période sèche. Nous avons retrouvé ici Miguel (Portugal), Quinta (Espagne) et Thomas (Allemagne) . Nous avons fait la connaissance notamment d'Agathe (France) et de Daniella (Italie). Toute cette sympathique bande a eu la chance de fêter mes 32 bougies (9 mars) et mon passage dans la vieillesse avec quelques verres de rhum, bien sûr, et quelques tubes de reggae français ! La vie calme et insulaire ne nous a pas complètement déplu mais nous avons dû tout de même nous décider à partir, notre visa expirant le 11 mars.




L'épisode laotien a tenu pour moi une grande partie de ses promesses. Ce pays rural, un des derniers bastions du communisme, reste préservé et offre une grande richesse naturelle. Au demeurant, son peuple est très accueillant. Il restera à coup sur l'une des belles expériences de mon voyage.


Cambodge (du 10 mars à demain, 9 avril) :

Après nous être fait escroquer à la frontière (26 dollars pour le visa au lieu de 20), nous avons donc atteint le Cambodge, ce pays fascinant à l'histoire dramatique.

Nous nous sommes arrêtés à Kratie, l'un des lieux réputés pour observer les dauphins d'eau douce. Bien entendu, compte tenu du prix notamment, nous n'avons pas participé à la "chasse" au mammifère dont nous souhaitions préserver la tranquillité... et nous avons loué des vélos. D'une colline, nous avons tout de même pu apercevoir cet étrange dauphin et le ballet des bateaux touristiques qui prennent sa direction à chacune de ses apparitions.

Nous avons ensuite gagné Kompong Cham, étape d'un intérêt limité si ce n'est la curiosité d'observer sur les larges trottoirs de la ville qui bordent le fleuve, la présence le soir de nombreux adeptes d'aérobics qui bougent en cadence au son de la musique crachée par d'énormes enceintes.

Il nous brûlait alors de nous rendre à Siem Reap, porte d'entrée des temples d'Angkor. Nous avons acheté un billet pour 3 jours de visite pour 40 dollars et loué deux vélos pour éviter les tuk-tuks. Le site se situe a 6 kilomètres de la ville et s'étend sur un circuit de 16 kilomètres. Afin de ne pas mourir de chaud, nous avons mis notre réveil à 4h30 du mat', nous permettant ainsi un déplacement à la fraîche.

En choisissant de commencer la journée par des temples moins prisés, nous avons pu nous organiser des visites agréables, loin du flot des touristes poursuivis par les vendeurs ambulants.

Le site est vraiment impressionnant et justifie sans nul doute d'y consacrer quelques jours. Voir ses immenses temples de pierres envahis par la jungle n'est pas rien. Toutefois, la popularité du site et son prix semblent un peu exagérés à la vue d'autres lieux moins célèbres comme celui d'Ayutthaia, mais qui présentent également une grande richesse archéologique.


 
A Siem Reap, nous avons eu le plaisir de croiser la route d'Hélène et Henry, nos amis parisiens que je salue bien bas avant de les revoir dans quelques mois.
 


Après Siem Reap, nous nous sommes rendus à Battambang où nous avons appris à jouer au billard khmer dans le bar tenu par Patrice (chaque joueur dispose de deux à 8 cartes et doit rentrer les boules qui correspondent à ses cartes. Exemple : le dix de cœur, je dois rentrer la boule dix, le roi de carreau, je dois rentrer la boule 13... Le premier qui n'a plus de carte à gagner. Si vous n'avez rien compris, ce n'est pas grave, je vous réexpliquerai une prochaine fois.), puis à Phnom Penh pour la visite du musée national et du palais royal.

Il me tardait ensuite de rejoindre la côte cambodgienne compte tenu de la chaleur insoutenable. J'ai donc passé une dizaine de jours avec Juju puis tout seul à Kep, l'île du lapin, Kampot et puis la plage d'Otress à 6 kilomètres de Sihanoukville où j'ai occupé un bungalow loué auprès du sympathique italien Claudio et de sa compagne Chan Lim. Dans un décor de rêve, je me suis adonné à la plongée, au canoë, au farniente...


 
Demain, je prends la direction de la Thaïlande, de Pattaya précisément où j'espère trouver immédiatement un bus pour Krabie où je pourrai faire un peu d'escalade et beaucoup de plongée. Les douaniers vont me donner un visa gratuit de 15 jours, mon périple au sud de la Thaïlande ne sera donc pas très long.
 
Mon programme est ensuite de me rendre en Malaisie où je pense rester 2 mois. Après ? Après est une bonne question. Actuellement, après bientôt 9 mois de voyage, je ne verrais pas forcément d'un mauvais œil un retour en France histoire de serrer dans mes bras mes amis et mes parents et d'embrasser du regard mes montagnes avant de les fouler du pied. Mais ceci est une autre histoire et j'espère bien vous la conter plus tard !

Je vous embrasse mes amis, et bien fort !

Un grand merci pour les soutiens, messages et encouragements, notamment des vieux potes du collège comme Gaël !
Un gros bécot à mon Juju qui s'en est retourné à la vie citadine.

A bientôt.
GroTony.


PS : il est bientôt minuit ici, je suis sec, désolé pour le style laconique de la fin du message et pour les fautes d'orthographe, je me relirai une prochaine fois !