samedi 29 août 2009

De Lauterbrunnen (9 aout) à Schoppernau (...) ou Nobody´s perfect

Salut les amis !
Il n´y a plus de héros de nos jours, moi je vous le dis. Ces personnes infaillibles, capables de tout sans sourciller, ont lamentablement disparu ! Aujourd’hui, le modèle devrait ressembler à un Woody ALLEN, le style névrosé et égocentrique.
Drôle d´introduction me direz-vous ? Et oui, cette page aurait dû commencer par la description des superbes glaciers suisses et par des anecdotes croustillantes comme la rencontre du vieil Hans, ancien guide de haute montagne qui a officié dans toutes les Alpes mais également en Amérique Latine, personnage insolite croisé alors que je me cachais de la pluie sous son porche. J´aurais alors continué en vous disant que j´ai passé deux semaines merveilleuses avec un franc soleil et un moral au beau fixe, jouissant pleinement de ma liberté.
Mais voilà, l´enfant des montagnes, le fils du vent et du soleil s´est mis une sérieuse gamelle dimanche dernier, mettant en cause son périple actuel. Les accidents peuvent être liés à des imprudences, des négligences... Si le facteur hasard a sa place, le comportement individuel est souvent décisif. Dans mon cas, j´ai commis une idiote erreur de jugement aux conséquences à déterminer.
Pour votre bonne compréhension, quelques explications :
Nous étions donc le dimanche 23 août. J´avais bivouaqué la veille au dessus de Buchboden (village autrichien) alors que la pluie et le brouillard m´avaient contraint à m´arrêter. Le matin, je m´étais levé à 6 heures avec un magnifique soleil. A 7h30, j´étais sur le sentier menant au refuge de Biberacher. Après 3 heures de marche, je parvenais à quelques centaines de mètres du refuge, c´est alors que je me suis trompé de chemin.

En effet, je distinguais 3 sentiers et j'ai suivi celui qui montait, me disant que si ce n´était pas le bon, je n´aurai qu´à redescendre. En fait, il se révélait que mon choix était effectivement mauvais, j´avais suivi un chemin tracé par le passage répété des bovins, le véritable sentier était une dizaine de mètres en dessous. Plutôt que de faire demi tour, je décidais de descendre la pente escarpée jusqu´au sentier. Un bien mauvais choix puisque je glissais pour me rattraper quelques mètres plus bas en percutant au passage un rocher. Je pensais n´avoir que des égratignures jusqu´à ce qu´un coup d´œil sur ma cuisse gauche m´apprenne l´ampleur des soucis à venir. Une bien vilaine plaie d´une dizaine de centimètres de long venait barrer ma cuisse. Heureusement, la blessure ne saignait quasiment pas. Aussi, j´ai bandé ma cuisse, fini de descendre tant bien que mal cette foutue pente et continué jusqu´au refuge. Le gardien, me voyant marcher, a pensé à une plaie bégnine avant que je n´enlève mon pansement de fortune.
Il décidait alors d´appeler une société de transport sanitaire afin que je sois rapatrié jusqu´au cabinet médical le plus proche, car là encore, dans mon malheur j´ai eu de la chance, le refuge est desservi par un sentier carrossable, ce qui m´a évité l´hélico et des frais colossaux...
Ensuite donc, cabinet médical, points de suture (4 à l´intérieur de la plaie et 12 à l´extérieur) et prière quotidienne pour que la cicatrisation se passe bien. En principe, les points seront enlevés lundi 8 septembre et je pourrais reprendre une activité sportive une semaine après.
L´objectif traversée des Alpes à pied a donc pris une sérieuse baffe, comme moi. Le moral reste plutôt bon, il subsiste seulement quelques inquiétudes relativement à la guérison, dans la mesure où j´ai ressenti quelques craquements hier et mon quadriceps est enflé. Toutefois, lors du rendez-vous de contrôle auprès du médecin, celui-ci m´a assurè que tout allait bien (malgré son air circonspect).
Voilà, c´est un coup dur mais bon, je suis en vie et j'espère être bientôt sur pieds. J´espère également que les prochaines nouvelles seront meilleures.
En attendant, je coule des journées forts paisibles dans une auberge de Schoppernau (village autrichien). Le propriétaire est bien sympathique et m´évite pas mal de frais. J´ai une petite turne pour 30 euros (avec le petit déjeuner...) et une carte gratuite pour emprunter les bus (enfin, il y en a un par heure) et le téléphérique. Je peux ainsi faire des courses sans trop de soucis, me déplacer jusqu´à l´office du tourisme où j´ai internet gratos (enfin, je pense que je ne vais pas tarder à me faire virer pour "squattage" répété) et aller en haut de la montagne en polluant et sans marcher... ce qui correspond exactement à mes convictions !
A très bientôt (et encore merci pour vos messages et commentaires).
Je vous embrasse.
Tony

samedi 8 août 2009

De Modane (16 juillet) à Lauterbrunnen (8 aout)

Bonjour à tous !

Je profite de cette journée définitivement pluvieuse pour vous donner quelques nouvelles. Je suis donc à Lauterbrunnen, dans les alpes suisses allemandes. J'ai parcouru en 3 semaines environ 430 kilomètres, passé de nombreux cols (plus de 23 000 mètres de dénivelé positif) et gravi la Haute Cime (3275 mètres), un sommet qui n'était pas sur mon itinéraire, mais quel le plaisir !

Pendant ce laps de temps, je me suis totalement adapté à mon nouveau rythme de vie, je trouve d'ailleurs extrêmement étrange de ne pas marcher aujourd'hui. J'ai fait de nombreuses belles rencontres, j'ai été ébloui par un soleil de plomb, poursuivi par des chèvres et des vaches assoiffées de sel, par des orages aux éclairs menaçants et rattrapé par la neige.

Aujourd'hui, je suis donc revenu à l'état de nature. Mes seules préoccupations sont : trouver à manger, repérer les cours d'eau pour étancher ma soif (d'ailleurs, un grand merci à Tit et Jahrem's pour le filtre Katadyn, une super idée et un beau cadeau, qui m'a permis de boire dans toutes conditions) et découvrir des spots pour installer mon bivouac.

Après deux semaines pendant lesquelles je me suis parfois interrogé sur le bien fondé de ma démarche, je suis donc devenu un citoyen des Alpes, un habitant des montagnes, un ami des marmottes et des bouquetins et je ne crains plus les orages et la pluie...

Mais laissez moi plutôt vous conter mon quotidien :

Le lever :


Je suis généralement réveillé par le jour levant, toutefois, je m'extirpe rarement de mon sac de couchage avant 7 heures du matin. Il m'arrive même de traîner dans ma tente jusqu'à 9 heures du matin, en attendant que le soleil pointe son nez et sèche l'humidité due à la condensation.
Les nuits étaient au début difficiles en raison de mes habitudes de petit bourgeois Dunlopillo et j'avais du mal à me faire au confort spartiate d'un simple tapis de sol. Heureusement, l'astuce, donnée avant mon voyage par mon ami Bruno, consistant à mettre mon sac à dos sous le tapis de sol s'est révélée payante. Il a également fallu m'adapter aux nuits en pleine forêt, seul, exposé aux loups garous et autres monstrueux paysans sanguinaires (enfin, tout ce que mon imagination débordante pouvait inventer...). Là aussi, l'adaptation s'est faite assez rapidement puisque dorénavant, je recherche des coins bivouacs isolés offrant de superbes points de vue, enfin ça, vous le verrez ensuite...
Actuellement, les difficultés ont changé puisque je me trouve dans un paysage d'alpage avec de fortes pentes. Je peine donc à trouver des terrains plats et je dois parfois interroger les agriculteurs du coin pour être sûr que je peux m'installer sur leur terre (enfin, tenter d'interroger... car je ne maîtrise pas vraiment le dialecte suisse-allemand). Pour l'instant, c'est davantage l'absence de terrains plats qui posent problèmes...

Aussi, certains matins, j'offre une mine largement déconfite :

Après le lever, viennent le petit déjeuner et le pliage du sac. Ces activités me prennent entre une bonne heure et trois heures lorsque je fais preuve de vraiment de mauvaise volonté (notamment jeudi dernier, j'ai ramé comme jamais et je me suis débrouillé pour perdre 2 sardines ...imbécile..). Ensuite, c'est le plaisir de la marche et des découvertes.


Les balises, panneaux et cairns :


Je suis donc le tracé de la Via Alpina (voir la carte fournie dans mon précédent message). J'ai suivi l'itinéraire rouge de Modane à Adelboden. Depuis, j'emprunte l'itinéraire vert, il passe au nord d'un magnifique massif composé notamment de la Jung Frau (littéralement, la Jeune Femme) à quelques 4000 mètres d'altitude, de l'Eiger...

Comme certains le savent, je voyage sans carte ni GPS mais avec une simple topographie et une boussole. Globalement, je n'ai pas rencontré de difficultés, les chemins étant dans l'ensemble bien tracés et balisés, à quelques exceptions près.

J'ai ainsi eu quelques problèmes en Italie (vallée d'Aoste) ou bien qu'ayant emprunté le bon sentier, il s'est révélé que celui-ci s'arrêtait au milieu de nulle part, la nature ayant repris ses droits. J'ai donc été obligé de rebrousser chemin et de monter par la route en pleine fournaise... Dans le même coin, je peux également dénoncé une multiplicité de sentiers qui partent dans tous les sens et pas toujours de balises.

J'ai également eu un magnifique loupé il y a quelques jours. Je devais passer au Col de Sanetsch et redescendre ensuite vers l'auberge du même nom. En pratique, j'ai "raté" le Col et descendu du mauvais côté de celui-ci en suivant la direction de l'hôtel de Sanetsch... Pressentant une bêtise, j'interrogeais un local qui me confirmait mon erreur. Toutefois, comme je n'avais alors plus rien à manger sur moi et qu'il y avait une épicerie 2 kilomètres plus bas, je continuais encore dans la mauvaise direction pour faire quelques emplettes... Il ne me restait plus ensuite qu'à remonter quelques 1000 de mètres de dénivelé pour retrouver la bonne route. Voilà comment je m'y prends pour "perdre" une demi-journée...







Les conditions météorologiques :


La joie de vivre dehors s'accompagne du bonheur de subir les variations du climat... J'ai commencé très fort puisque je suis parti jeudi 16 juillet avec une canicule époustouflante et, dès le lendemain, j'ai essuyé un magistral orage au Col de la Leisse avec éclairs, grêlons puis pluie torrentielle. Je suis arrivé à Tignes grelotant, les poils des jambes hérissées... 

Je me suis alors offert une nuit dans un Bed & Breakfast (bien sympa d'ailleurs), enfin deux nuits puisque après la pluie est venue la neige. Celle-ci est descendue à 1700 mètres d'altitude et l'on pouvait trouver jusqu'à 50 centimètres de neige à 2500 mètres... 

Le samedi 18 juillet, j'attendais patiemment la fonte de la neige dans le lit de mon B & B ...


Depuis, j'ai eu de tout, pas mal de soleil mais également régulièrement des orages et de la pluie. J'ai décidé, notamment eu égard à mon budget, que le mauvais temps ne devait pas m'empêcher de dormir sous ma tente, ce qui m'a valu des moments nocturnes palpitants, agrippés à mon sac de couchage...


La Faune et la Flore :


Un des intérêts manifestes de mon voyage est la possibilité d'observer nombres d'animaux et plantes. Si certains sont bien connus de nos milieux montagneux comme les marmottes, chevreuils, bouquetins, renards, aigles et chamois (sans parler des vaches et autres moutons...), j'ai également découvert en Suisse des salamandres noires. Celles-ci sont sorties avec la pluie et ont littéralement envahi les chemins. J'en ai croisé ainsi plus d'une centaine, prenant bien garde de ne pas les écraser (ce qui ne serait pas bon pour mon Karma dixit mon ami Bruno...).

Plus original, je suis tombé sur un élevage de lamas (enfin, d'alpagas) il y a deux jours...












Les Cols :


Quel plus grand bonheur que celui de découvrir une nouvelle vallée, un nouveau paysage après quelques heures de marche harassante lorsque l'on parvient au sommet d'un col. J' ai franchi jusqu'à 3 cols par jour, selon les joies de l'itinéraire et mon interprétation de celui-ci, ainsi que selon mon état de forme. 

Cela fait également parti des déceptions puisque j'ai monté le Col de Citrin au pas de course (l'étape de 7 heures a alors été bouclée en 4 heures...), poursuivi par un orage, et je n'ai pas vu grand chose du Col du Grand Saint Bernard (enfin si, j'ai tout de même croisé un employé du chenil promenant 3 fameux chiots originaires du lieu).




 

Les Glaciers :

Les glaciers constituent le grand plus de la traversée des Alpes. Majestueux, parfois monstrueux, blocs pris dans la glace, ils ne peuvent laisser indifférents. Personnellement, je ne me lasse pas de les contempler pendant des heures. Si je ne peux les grimper (faute d'équipement... puis en solo, ce n'est pas conseillé), leur présence justifie à elle seule l'expédition actuelle.

Le massif du Mont Blanc est fort connu mais sa réputation n'est pas usurpée. Les autres glaciers, notamment ceux observés ces derniers jours, sont magnifiques.







Les Rencontres :

Le voyage est rempli de belles rencontres, c'est bien l'un de ses charmes. Il y a notamment eu mes amis belges à Trient, près du Col de Balme, que je salue (merci Stijn d'avoir laissé l'adresse du blog de l'association, cela a fait boule de neige comme tu as pu le voir, les photos sont maintenant sur facebook grâce à un ami bien intentionné...).

Il y a également eu le camp de pré-ados à côté de Samoens avec Dylan dit Kiki qui m'a laissé 3 boîtes de pâté pour compléter ma soupe ; Béatrice et son amie super positive rencontrées au refuge de Golèse ; les deux suissesses du refuge de Tourche qui m'ont offert du pain, un saucisson et des fruits secs...

Toujours ces sourires, cette aide, cette curiosité de l'autre... cela fait plaisir dans ce monde de fous de voir des gens posés et aimables.

Bon, comme je n'ai pas surmonté tous mes handicaps sociaux, je n'ai pas de photos à proposer... je n'aime pas être pris en photo, donc je ne prends pas les autres en photo...

En tout cas, un grand merci a toutes les personnes rencontrées pour leur soutien et leur enthousiasme.


Les Insolites :


Ça fait toujours plaisir pendant les longues heures de marche de "tomber" sur des panneaux surprenants, des sculptures, pierres aux formes curieuses... ce sont les fameux insolites !




Les signes religieux, mystiques et spirituels :


La montagne est emprunte de spiritualité, son énergie toute particulière devient rapidement indispensable à ses occupants. Aussi, les marques religieuses sont nombreuses et l'on ne peut qu'en être témoin lors de nos balades.





Les Bivouacs :


Le choix du lieu du bivouac, vous l'avez compris, est très important afin de profiter totalement des panoramas... Même si j'ai dormi cinq nuits dans des auberges, Bed & Breakfast et autres, ainsi que dans des campings municipaux ou privés pour des raisons pratiques et/ou liées à la météo, j'essaye dorénavant de toujours privilégier le camping sauvage, l'occasion de partager un vrai moment de paix avec la nature.




Un dîner presque parfait :

Si le midi est invariablement accompagné de son sandwich (j'en ai marre des dwichs, au secours, raz-le-bol !!! même le meilleur gruyère du monde perd sa saveur après avoir passé 3 jours dans mon sac à prendre le soleil) composé de fromage et/ou de charcuterie, le soir est l'occasion d'utiliser non pas mes talents culinaires, mais mon réchaud a gaz et ma fameuse popote.

J' ai commencé mon régime avec des sachets de nourriture lyophilisée parfaitement pratique pour le transport (125 grammes le sachet). Au niveau du goût en revanche, l'enthousiasme est plus relatif. Si les pâtes en sauce sont correctes, d'autres laissent à désirer. 

Une fois fini la nourriture lyophilisée emportée, comme je n'ai retrouvé nulle part ces fameux sachets, même dans les stations comme Samoens où l'on aurait pourtant pu penser que la pratique de la randonnée étant courante en ce lieu, le matériel adéquate s'y trouverait... Je me suis donc mis à essayer tous les types de nourritures en sachets que l'on peut trouver dans le commerce : riz déjà prêt d'Oncle Bens (le mexicain et le méditerranéen sont franchement pas mal), pâtes et nouilles asiatiques Knorr... Franchement, ça me fait mal de dire ça, mais c'est dans l'ensemble plutôt bon. Heureusement, les sachets sont calibrés pour 2 ou 3 personnes, ce qui me fait une quantité correcte pour un repas. Toutefois, je complète souvent le dîner de quelques tartines de confiture ou de nutella (et oui...). De toute manière, en tant qu'individu marchant, j'ai tout le temps faim, je ne suis jamais totalement repu. J'ai eu une période de pratique ascétique que j'ai rapidement abandonné, préférant me goinfrer... Je ne me suis pas pesé mais mes abdominaux saillants laissent à penser que j'ai manifestement perdu quelques kilos...

A signaler au niveau du "régime", cela fait un mois que je n'ai pas bu une goutte d'alcool (d'ailleurs, c'était du champagne). Globalement, aucun souci, pas de manque, de mains tremblantes... j'avoue tout de même avoir eu une grosse envie de bière lorsque j'ai vu des suisses se taper d'énormes peintes de bières blondes et légères, avec sa collerette de mousse ... ha ! Bon, on verra si je maintiens l'abstinence ou pas, l'objectif un mois étant atteint, je verrai ce qu'il adviendra.



Les couchers de soleil :


Le grand classique pour la fin, celui dont on sait qu'il fait toujours son effet : le coucher de soleil. Quel bonheur de voir le ciel prendre des teintes orange, rouge, rose et se métamorphoser au fil des minutes...